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PrÉSentation

  • : Gauche totalitaire : les mésaventures d'un fantôme de gauche.
  • : Partagez l'itinéraire d'un électeur de gauche devenu un adepte de la mondialisation libérale. Employé d'une "world wide company", l'auteur vit la mondialisation au quotidien et ne s'en plaint pas. Peu de mouvements d'humeur, des faits et des chiffres!
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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 00:05
Le comédien n'a pas en France l'image du libéral. Au contraire, à force de grenouiller dans les jupons de l'État et des politiques, il semble ne survivre que grâce aux subventions. Nombreux sont les metteurs en scène, aussi prestigieux soient-ils qui n'imaginent pas leur carrière sans subventions. (exemple Alain Françon en déc 2005 sur France-Culture) Pourtant les principes de vie sur scène de l'acteur s'apparentent au libéralisme. Si on s'amusait à transposer le processus de création d'un spectacle de théâtre à la politique, on ne tomberait pas sur une entreprise collectiviste, bien au contraire... Liberté et responsabilité sont deux clés de voûte d'un processus de création. L'entreprise collective de la création a besoin d'avancer par petits pas et de prendre des risques innovants. Dans ce cadre, l'initiative de chacun est plus utile au groupe que le strict respect de la hiérarchie. Mener une troupe jusqu'à la création d'un spectacle est une véritable entreprise qui nécessite une grande confiance entre les partenaires. Jouvet était un régisseur de haut niveau qui travaillait pour Copeau, avant d'être le grand acteur que l'on connaît. L'art du comédien au XXème, au-delà de la méthode, laisse une large place à la spontanéité afin de permettre à la vie de s'insuffler dans le spectacle. C'est une des découvertes du théâtre russe au début du XXème avec Stanislavski. Il n'y a jamais rien d'acquis en théâtre et chaque représentation est différente.
La notion de "propriété" est fortement développée dans le théâtre. Outre le respect du texte et des auteurs, la performance individuelle de chacun est soulignée, conditionnant fortement leur carrière. Je ne crois pas que nos acteurs modernes participeraient avec enthousiasme à un "Mass Game" coréen. La troupe, dès ces premières prestations reçoit un "feedback" rapide de la part du public comme une entreprise reçoit un retour de la part de ses clients par la vente de ses produits. C'est le succès octroyé par le public dans le rôle du consommateur qui donne un sens à la représentation théâtrale. Une partie de l'évolution du théâtre d'aujourd'hui, c'est de permettre au public de participer de plus en plus activement au processus théâtral. On voit même par le Théâtre-Forum d'Augusto Boal, l'outil théâtre utilisé comme outil d'exploration et de prototypage de nouveaux comportements rendant les individus plus maîtres de leur destin. De plus, l'art de l'acteur ainsi que celui de l'écriture d'une pièce, est de toucher à l'universel à partir du particulier. L'acte théâtral va nous faire partager le destin singulier d'un individu-personnage qui à travers ses pérégrinations va nous apprendre des choses sur le monde et sur nous-mêmes.  La grande force du théâtre, c'est de s'adapter à son public et développer les compétences individuelles de chacun au bénéfice de la collectivité. La magie du théâtre, c'est un peu comme la main invisible d'Adam Smith où toutes les forces engagées concourent à la réussite du projet. L'entreprise économique a à apprendre de l'entreprise théâtrale.
On lira cet article de Mary Crossan sur le sujet. On pourrait même se demander aussi si l'entreprise théâtrale ne doit pas aussi quelque chose aux préceptes de l'économie qui, bien plus tôt que le théâtre, a théorisé le libre-échange et l'ordre spontané. Le comédien est un entrepreneur libéral qui s'ignore!
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