En tant que crédule libéral, ayant suivi de loin comme tout un chacun le conflit, je voudrais manifester toute ma compassion envers le peuple québécois. Je suis solidaire de ces oreilles blessées par le bruit des casseroles.
Les Québécois sympathisants de gauche face à leur démocratie ronronnante ont la nostalgie des luttes européennes, si épiques et si pittoresques. Ils veulent du bruit et de la fureur. En France, nous avons connu ces grandes manifestations, par exemple en 1993 et en 2006, lors des tentatives avortées de salaire minimum pour les jeunes. Nous ne sommes pas surpris par les arguments cul par dessus tête généralement invoqués, qui débordent largement de leurs sujets, les empêchements des étudiants réfractaires d'assister au cours. Ainsi, la formulation d'un problème pertinent comme "le financement des études" devient la lutte altermondialiste contre un libéralisme fasciste, un soulèvement salutaire contre le néolibéralisme et contre un système bancaire qui déraisonne, même si cela n'a rien à voir. Je sais la nostalgie des anciens combattants de gauche qui, la larme à l'œil, vantent une jeunesse virulente. Le principe de bon sens qui consiste à faire participer les bénéficiaires à leurs dépenses est mis à mal par la diabolisation du slogan "utilisateur payeur". Le principe inverse fait froid dans le dos.
J'ai plutôt le sentiment d'un nouveau soubresaut de notre bonne vieille gauche qui déteste la démocratie. La voilà qui se surprend à ébranler les gouvernements grâce à ces fleurons du capitalisme que sont les réseaux sociaux, en se prenant pour une faiseuse de printemps. Á la décharge des étudiants, j'imagine les arrestations brouillonnes d'un gouvernement québécois désarçonné (comme à leur habitude, ils ont même inventé une nouvelle loi) et peu habitué de ces manifestations. Comme à leur mauvaise habitude, Les policiers français sont habitués depuis 1968 à ce genre d'affrontement. l
Je ne vois rien à travers cet apprentissage de la non-démocratie qui soit porteur d'espoir pour les Québécois qui pourraient se retrouver un peu plus à la traîne du Canada anglo-saxon. Je ne vois à l'avenir pour éviter ces vains affrontements qu'une solution : le référendum d'initiative populaire. Ainsi, les principales décisions des gouvernements seraient validées par le suffrage universel : Une solution démocratique pour clouer le bec aux vieux grigous de la gauche alternostalgique et aux jeunes ambitieux qui rêvent d'un baptéme de roses sur le podium de la lutte psalmodique et play-révolutionnaire.