Le Monde Diplomatique est un des plus beaux fleurons du journalisme de gauche et ses diatribes constantes, ses excursions au bout de la nuit de la critique, présentant le capitalisme libéral comme le responsable de tous les maux de notre société influencent profondément les points de vue. Si le Diplo se montre critique avec le capitalisme, posture aisée, il est plus rare de le voir exulter et de montrer quelques notes pleines d'espérance. A ce titre le Vénézuela du commandant Chavez est un exemple phare où depuis plusieurs années le monde diplomatique se montre dithyrambique. Cela est l'occasion de voir à quelle forme de société ses journalistes fondateurs aspirent, eux qui se montrent sans pitié avec les tactiques impérialistes des états tout en réclamant une plus grande concentration et redistribution sous l'égide de ceux-ci. Nous allons pour ce faire opposer la vision de Maurice Lemoine qui défend la révolution bolivarienne à Daniel, blogueur détaillant les errements de la société bolivarienne depuis plusieurs années. Ensuite nous assemblerons à la manière d'un jeu de type "cadavre exquis" les points de vue, pour voir les leçons que nous pouvons tirer de cette confrontation brute de fonderie. Notons que Daniel n'a rien d'un ultra-libéral ni même d'un cowboy de droite. Il est plutôt social-démocrate. Ce francophone préférait largement Hollande à Sarkozy lors des dernières élections.
A partir de ces affirmations contradictoires que nous n'allons pas dénier, tentons de dégager quelques principes généraux qui pourraient s'appliquer à d'autres situations.
Par un simple jeu de cadavre exquis, nous obtenons quelques-unes des assertions suivantes.
Lorsque l'état redistribue avec la manne pétrolière, par exemple en augmentant les retraites, en subventionnant la politique d'éducation, en bâtissant des logements neufs, la pauvreté régresse et les inégalités diminuent en valeur relative. Transformer durablement un pays signifie augmenter la dépendance des citoyens vis à vis de l'état en subventionnant de multiples activités, en annihilant la création d'entreprise privée et en gérant l'appareil productif. (Lemoine) |
Lorsque la centralisation autour de l'état augmente, la corruption augmente. |
Lorsqu'un état centralisateur a pris le pouvoir durablement, il est très difficile sans paraître ridicule d'avancer des arguments insistant sur la décentralisation, l'autonomie et la privatisation... L'opposition semble condamner à se positionner au centre gauche... |
Lorsque la pauvreté et les inégalités régressent, grâce à la centralisation autour de l'état, la délinquance ne diminue pas, elle augmente. |
Lorsque les produits de base sont subventionnés, ils engendrent l'inflation. |
Lorsque les services de base sont subventionnés, ils se dégradent. |
Lorsque l'état redistribue la richesse, la délinquance augmente, les services publics de base se délitent. |
Lorsque l'état centralise la gestion du système de santé, la qualité des soins de base régressent. |
Lorsque l'état augmente la dépendance des citoyens par une centralisation accrue par exemple, la réélection de l'équipe dirigeante en est facilitée. |
Pour permettre sa réélection tout en maintenant la liberté de la presse, un état doit personnaliser le pouvoir et tenir les rennes de la justice. |
L'opposition directe entre les deux visions me paraît riche d'enseignements. Les aphorismes qui s'en dégagent sont à méditer. Quant un partisan de Chavez parle de diminution des inégalités, un social démocrate modéré parle de dégradation des services de base. Quant un partisan parle d'entreprise sociale, le modéré parle de pénurie. Quant un partisan parle de sécurité sociale, le social démocrate modéré parle d'effondrement des soins primaires. Quand un partisan parle de révolution démocratique, le social-démocrate parle de descente dans la barbarie pure et simple.
A chacun de choisir son modèle de société, car au moment de déposer son bulletin dans l'urne, il n'y a que parfois deux choix possibles.